LE JEU, MODE D’EXPRESSION DU JEUNE ENFANT

 ET FACTEUR DE SON DEVELOPPEMENT

 

LAISSEZ JOUER LES ENFANTS  !

Structurant, ouvrant sur le monde, favorisant l’imaginaire, il est le support du développement de l’enfant.

 

L’IMPORTANCE DU JEU ET DES ACTIVITES LUDIQUES POUR L’ENFANT

Quatre fonctions cognitives du jeu :

 

1 - Il donne accès à de nouvelles sources d'informations.
2 - Il sert à consolider la maîtrise des habiletés et des concepts.

3 - Il stimule le fonctionnement de l'intelligence parce qu'il requiert diverses activités mentales.

4 - Il favorise la créativité en laissant libre cours à l'usage des habiletés et des concepts dans un conteste de valorisation de l'imaginaire.

 

1.   L’enfant, en particulier le jeune enfant préscolaire, passe la plus grande partie de son temps à jouer. « L’activité ludique de l’enfant présente plusieurs caractéristiques, dont la première est son importance vitale pour l’enfant, c’est un besoin aussi vital que manger et dormir. On considère qu’un enfant ne jouant pas est un enfant malade ou perturbé. Le jeu paraît donc indispensable à son développement.. c’est une activité qui se suffit à elle-même et qui implique toutes les capacités de l’enfant au fur et à mesure qu’elles se développent (sensorielles, motrices, verbales) » (Tourette & Guidetti, 1994).

 

·     Le jeu démarre chez le jeune bébé comme dépense d'énergie ; s'y greffe un objectif de découverte, d'exploration et d'apprentissage ; vient alors le jeu d'initiation ; s'y ajoutent les règles du jeu ; enfin il se pare d'une dimension sociale. Le dictionnaire encyclopédique de l'éducation et de la formation (6) le décrit comme " toute activité physique ou mentale spontanée, trouvant sa satisfaction et  son but en elle-même. Jouer, c'est vivre pour le plaisir de vivre ".

 

 

1.   Jeu , activité ludique et développement :

 

Le jeu constitue donc une forme privilégiée d’exploration. Certains ont même comparé l’activité ludique de l’enfant  à l’activité du chercheur. Le jeu permet en effet, de tester et d’explorer des comportements pour voir et connaître leurs effets, pour mieux les maîtriser. Cette exploration se fait non pas dans la contrainte de la réalité  et de la nécessité de la réussite, mais dans des conditions inoffensives et l’échec n’est pas puni mais il est utile pour mieux organiser la prochaine tentative.

 

C’est pour l’enfant un moyen d’expression privilégié , au même titre que le dessin  et le langage, qui remplit différentes fonctions dans son développement avec l’apparition  en particulier de la fonction sémiotique. C’est un puissant stimulant dans le développement et aussi  un reflet fidèle de l’évolution de la personne. Le jeu exerce plusieurs fonctions dans le développement psychologique de l’enfant.

·     Le besoin de s'affirmer

 

Car dès la prime enfance, les jeux sont fonctionnels. L'enfant à travers eux se façonne lui-même par ses activités spontanées faites de répétitions interminables. Il se découvre ainsi peu à peu et à  sa manière, par un besoin sensuel d'activités indépendant des objets en jeu, et où entre une grande part de flou et d'instable. Ce qui plaît à l'enfant est moins le résultat en lui-même, que le fait que ce soit lui qui l'ait produit. Ce besoin de s'affirmer renvoie  à la conception du jeu comme initiateur du je.

Cette aptitude au jeu revêtira en ce sens une fonction de croissance particulière, par sa concordance avec son besoin de merveilleux et de magique, qui sera contrecarré quand il commencera à être accessible aux explications et raisonnements scientifiques.

 

1.   DEVELOPPEMENT PSYCHOMOTEUR :

 

le jeu élargit le répertoire moteur de l’enfant. Il est une occasion de développer et  de maîtriser son corps, les choses, les objets, il permet l’exercice de la psychomotricité. Les jeux moteurs - courir, sauter, gambader - sont des exemples d’actions pour l’action. Chez l’enfant humain plus démuni à la naissance que l’enfant animal, ils posent les bases du développement d’actions complexes. L’enfant s’exerce à monter un escalier, à marcher sur la margelle d’un trottoir, ensuite il fera des actions motrices plus complexes, jouer à la marelle, sauter à la corde.

 

DEVELOPPEMENT COGNITIF :

 

Pour Piaget (voir plus loin  les différentes étapes qu’il décrit), les activités ludiques sont le reflet  de l’organisation cognitive. Les réactions circulaires sont des formes d’activités ludiques. L’enfant apprend les propriétés physiques des objets qu’il manipule et aussi les relations spatiales ou la mécanique sans que cela porte à conséquence. Il peut inventer de nouveaux usages aux objets et élaborer de nouvelles stratégies de résolution de problèmes.

 

DEVELOPPEMENT LANGAGIER :

 

Il existe une fonction ludique dans l’utilisation du langage pour le jeun enfant; Sur le plan langagier, le jeu permet de développer le vocabulaire, à travers des jeux de mots, d’explorer de nouvelles formes d’expression, d’idées, de sentiments, etc. Le jeu permet de comprendre le sens de nouveaux univers de contenu. Il existe un langage du jeu et des jeux de langage.

 

DEVELOPPEMENT AFFECTIF :

 

Sur le plan affectif, le jeu permet de résoudre les conflits émotionnels, de faire face à l’anxiété et à la peur, d’exprimer et de maîtriser les affects (P. Gutton, 1973). Il permet par conséquent à l’enfant de maîtriser la réalité, de se maîtriser lui-même. Il imite les adultes, il s’identifie à eux (D. W. Winnicott, 1969). Il lui permet de tenir des rôle d'adultes, ce qu'il ne peut pas faire dans la réalité.

 

DEVELOPPEMENT SOCIAL :

 

 Le jeu permet la socialisation et la personnalisation de l'enfant; Il est un processus d'interaction très riche entre l'enfant et son milieu; Il lui permet de comprendre et de maîtriser les règles de ce milieu, de se confronter aux enfants de son âge à travers des activités de coopération, d'apprentissage des règles.

D'abord seul au centre de son jeu, l'enfant d'âge préscolaire se livre souvent au " social solitaire " ce qui peut sembler un paradoxe. Il se parle à lui-même (le langage égocentrique), parle à ses amis  imaginaires (cf. le compagnon imaginaire),  à ses poupées. L'enfant rejoint d'autres enfants d'abord occasionnellement (ils peuvent paraître jouer ensemble, mais ils jouent simultanément seuls, puis de plus en plus souvent ils se livrent à des jeux communs.

 

Les fonctions sociales

 

La dimension sociale du jeu n'existe pas d'emblée et apparaît très progressivement. L'enfant d'âge préscolaire se sert du jeu pour éprouver différents rôles sociaux, pour imiter les comportements des adultes, pour revivre des expériences passées et peut-être pour les revivre différemment. Il est aussi un lieu d'apprentissage des rôles sociaux conventionnels (jouer à la poupée, aux voitures...). On peut ainsi observer des différences entre les garçons et les filles qui se manifestent toujours au niveau du choix et de l'utilisation des jouets. On observe actuellement cependant une évolution : les filles adoptent volontiers la plupart des activités réservées autrefois aux garçons , mais ceux-ci ont encore le monopole de certains jeux qui exigent plus de force et d'adresse ou sont réticents dans l'utilisation de jouets considérés comme féminins.

 

 

 

 

Conclusion Glissement progressif du plaisir vers l’éducatif

 

 

Le jeu a aussi d'autres fonctions importantes pour l'enfant. Il trouve ainsi sa place dans les thérapies d'enfants. Le jeu peut tenir avec le dessin, dans les thérapies individuelles d'enfants, la place que le langage  tient dans la cure analytique des adultes (D.H. Winnicott). Il est aussi utilisé en pédagogie, surtout avec les jeunes enfants. Mais là encore la frontière entre ce qui est jeu et ce qui est apprentissage est difficile à établir. Peut-on  parler de fonction éducative du jeu,  de jeux éducatifs, d'apprentissage ludique ou d'exercices ludiques ? Mais si jouer ne s'apprend pas, cette petite phrase peut aussi s'entendre comme : la propension à jouer  se perd, s'oublie... En effet, les parents disent moins à leurs enfants le soir après goûter : " tu joueras quand tu aras fini tes devoirs ", que : "tu regarderas la télé quand tu auras fini de travailler".

Les constatations actuelles sur son utilisation dans un cadre éducatif sont plutôt décevantes : à l'école, il n'entre guère que dans le cadre préscolaire ; dans les jeux dits éducatifs, il est plutôt un camouflage où le plaisir n'intervient guère (mais la sanction, oui) ; on ne rencontre pas beaucoup de maîtres ludiques en dehors de Summerhill - toujours selon le dictionnaire encyclopédique.

Pourtant y déplorent-ils, il n'y a pas antinomie entre jeu et étude en tant que tels, mais entre le jeu comme liberté, spontanéité et insouciance, et l'étude comme discipline, contrainte, programmes, examens. Donc, entre des aspects réducteurs de chacune de ces activités, mais qui parfois prennent la prévalance sur leur caractéristique inverse.

 

 

Les adultes séparent nettement leur travail de leurs loisirs. Ils voudraient sur ce modèle scinder la vie de leur enfant, pour qu'il ne passe pas son temps à s'amuser.